Infra-visuel – La vie-matériel


ART AFTER ART AFTER PHILOSOPHY

Texte notable dans l’histoire de l’art, Art After Philosophy fut rédigé en 1969 par Joseph Kosuth. Sa pertinence globale, plus de 50 ans après sa rédaction, me fait m'appuyer sur certains des points qu'il soulève que je ne développerais pas outre mesure ici, mais que je permet de citer :

- l’art ne doit pas exprimer les sentiments intérieurs de l’artiste. Ses états d’âmes ne regardent que lui et ne doivent pas servir de prétexte artistique.

- il faut séparer l’art de l’esthétique. Faire un art basé sur l’esthétisme revient à le considérer et à le critiquer sous l’angle du goût. La recherche esthétique réduit tout art à une fonction décorative et ornementale.

- l’art doit cesser d’être formaliste et d’avoir une approche « morphologique ». Dans la situation actuelle l’art est « art » uniquement parce qu’il ressemble à ce qui est déjà désigné comme tel. « Une toile rectangulaire tendue sur un châssis et recouverte de couleurs et de formes pour obtenir un effet visuel » est considérée comme art car ayant la même forme physique que toutes les toiles l’ayant précédé. Cette approche emprisonne la pratique artistique et son acceptation. L’art se retrouve contraint de porter avec lui le poids de l’histoire de l’art.

A l’inverse, le positionnement de Kosuth apparait comme moins pertinent lorsqu’il vante « l’art pour l’art » : un art pur et détaché de ce qui n’appartient pas au contexte artistique.

Kosuth fait ici de l'art un jeu de langage autocentré visant uniquement à sa propre définition. En procédant de la sorte Joseph Kosuth cherche en réalité à justifier sa propre pratique dans laquelle le langage est le médium principal. Il est dommageable que l’auteur ne valorise ainsi qu’une approche formelle de la notion de concept (à savoir le langage, qui permet de les exprimer) et délaisse ce qui en forme leurs substances : les idées. Plutôt qu’être close, l’intérêt d’une pratique conceptuelle ne serait-elle pas au contraire d'offrir un agrandissement radical du champ de ses possibles ?



Note : le texte de Joseph Kosuth est facilement accesible en ligne.